Un homme transi conte son passé : asseyez-vous donc, écoutez le pèlerin...

Nobles membres de la renommée Deus ex Machina,

Moi, Toryn velvetorsilk, pauvre pèlerin éreinté par une longue marche, vous demande humblement asile... Mes guenilles trouées ne sont qu'un piètre rempart face à la morsure du froid.

Sachez que je n'ai pas toujours été de si misérable condition : mon père, Hylios, était un des hommes les plus fortunés et influents de la noblesse Niortaise !
Même si je suis bien conscient qu'avec une telle mine, vous devez prendre cette affirmation pour un mensonge effronté, laissez-moi au moins vous comptez son histoire, vous pourrez ensuite me traiter à votre guise :

En l'an de grâce 1424, à la faveur d'un été radieux, mon père naquit au sein de la lointaine aristocratie Rochelloise. En ces temps bénis, le bon roi Charles VII était sacré depuis déjà deux ans, et les terribles souvenirs du règne de Charles le fol semblaient relégués aux méandres du passé. Je ne sait que peu de choses sur mes ancêtres paternels, si ce n'est qu'ils jouissaient depuis de longues années d'une position confortable au sein des jeux d'influence locaux. Mon bien-aimé père grandit donc dans une relative aisance, jusqu'à ses seize ans, ou il commença à songer à l'idée de se faire sa propre place parmi le cruel monde politique. Dès les jours qui suivirent ses dix-neuf ans, une magnifique occasion se présenta pour lui, sur laquelle il se précipita...

Mais la providence nous joue parfois d'injustes tours :

Confiant lorsqu'il posa sa candidature pour l'obtention d'un poste municipal mineur, il fut cependant soumis à un odieux chantage : les membres d'une vile organisation, répondant au détestable nom de "Maison Grise", le forcèrent à abandonner tout espoir dans ce domaine, sous peine d'être l'objet de lourdes représailles. Outré par l'outrecuidance et la suffisance de ces marauds, Hylios se rebiffa devant une telle conduite, et tenta de lutter, seul face à ces criminels. Mais il n'avait pas l'ombre d'une chance contre pareils coquins, et fut même jeté aux fers par un maitre du cachot pervers et corrompu. Résigné et abattu, mon noble père réalisa que l'espoir d'un avenir glorieux semblait bien maigre au sein de sa ville natale, déjà gagnée par le crime et le vice : il prit ses maigres affaires, et vendit à prix d'or sa modeste exploitation, un estaminet baptisé "Tombées d'hiver". Une fois en possession de tout ses effets, il fit ce qui sera le début de son irrésistible ascension vers les hautes sphères du pouvoir : prendre la route vers Niort, un endroit ou, lui disait-on, de nombreuses chances s'offraient à ceux qui savaient les saisir.

Vous pensez à un acte d'inconscience ? Que nenni, mes amis, mon brillant géniteur était bien trop rusé pour n'avoir aucun moyen de réaliser ses rêves. En effet, sachez que depuis déjà quelques mois, il entretenait une correspondance épistolaire intense avec de nombreux jeunes hommes et femmes d'horizons variés, partageant avec lui divers traits de caractères. Leur union se concrétisa peu à peu lorsqu'ils réalisèrent qu'ils possédaient tous la même ambition : celle de vivre ensemble une gloire durable, et mourir auréolé d'un flamboyant triomphe. Quel meilleur vœu que celui de laisser à ses enfants un magnifique patrimoine ? Ils ne pouvaient se fixer de plus généreux desseins.

Après de longues journées de coordination, un jour fut finalement établi ou chacun ferrait ses adieux aux siens et à la ville de ses jeunes années, puis partirait sur la grand-route, fardé de tout le nécessaire, vers cette cité si prometteuse. Les compagnons devaient, à la fin de la semaine, être réunis à l'accueillante taverne du havre gris, fraichement acquise par mon père. Le voyage fut, pour certains, long et semé d'embûches, et Hylios craignit souvent que tous ne soient pas présents le jour-dit ; mais pour cette fois, le destin sourit aux jeunes ambitieux qui, enfin réunis, célébrèrent leur joie dans l'ivresse d'une fête nocturne.

Néanmoins, il fallut bien vite, le lendemain, sortir de l'euphorie. L'esprit encore troublé, chacun vint, tour à tour, s'asseoir autour de la grande table en chêne qui allait peu à peu devenir leur principal lieu de réunion. Mon père, quelques mois avant sa mort, m'a conté ce moment, dont-il se souvenait très distinctement. Voici ce qu'il me dit :

" Chacun était la. Présent. Attentif. Malgré leur profonde fatigue, il me suffisait d'un bref regard pour apercevoir leurs yeux brillants, emplis d'une lueur ou se mêlaient l'ambition et l'intelligence. Tous étaient la, ces hommes, ces femmes dont je ne connaissais hier que la plume, et qu'aujourd'hui je sentais prêts de moi, attendant que j'ouvre le débat.

Alban le Squid se tenait très droit, engoncé dans un lourd justaucorps en cuir. Surement le moins éméché de tous, il semblait constamment à l'affut, son regard perçant scrutant chaque détail de la pièce lorsqu'il n'était pas dirigé vers un compagnon.

Constance Ekaterin était parée d'un léger sourire, comme riant d'une drôlerie qu'elle seule pouvait comprendre. Ses cheveux cuivrés cascadaient librement dans son dos, et malgré son air alangui, elle n'en était pas moins aussi attentive qu'Alban.

Missa Waiga Yaden affichait une moue impénétrable, semblant partagée entre une intense fatigue et un profond intérêt pour la discussion à venir. Passant régulièrement ses mains sur ses tempes, elle s'efforçait, malgré sa torpeur, de rester vive d'esprit.

Gontran de la Tardière conservait son masque imperturbable. Il n'avais pas pris une goutte d'alcool hier, au grand dam des compagnons. Ce jeune homme pâle, au teint maladif, se présentait comme un sphinx indéchiffrable, une énigme vivante. La seule chose que je connaissais de lui était la qualité de sa plume.

Barguide de Klostope arborait une expression radieuse, rayonnante de bonhommie. Son gros rire, franc et sincère, semblait encore résonner dans la pièce. Sa bonne humeur contagieuse, couplée à un sourire qui semblait inébranlable, rendait la compagnie de ce joyeux compère des plus agréables.

Marcus Machiavel toussait sans retenue, épuisé et transi par le long voyage qu'il avait accompli. Arrivé bon dernier, il n'avais pu esquisser qu'un faible sourire à ses compagnons, avant de littéralement s'écrouler sur place. Même le monstrueux tapage de la nuit dernière ne l'avais pas tirer de son profond sommeil.

Sayanel Honeth souriait d'un air malicieux, le regard encore plus vif que la veille. Régalant son auditoire de nombreuses histoires et anecdotes, il avait fait rugir de rire la petite assemblée toute la nuit durant, et semblait être le plus prompt à se remettre des excès de la boisson.

"Mimi Elephante", insistant pour que nous l'appelions par ce surnom et non par son vrai nom, s'affalait avec langueur sur le dossier de sa chaise, les yeux perdus dans le vague. Elle semblait rêveuse, comme hors du temps, bien que je la savais tout à fait à même de répondre si je l'interrogeais.

Enfin, Charles Robitaille, la mine renfrognée, contemplait ses mains d'un air égaré : la nuit n'avait visiblement pas atténuer son état. Tâchant de garder le regard fixe, il ne pouvait empêcher ses yeux de se clore et sa tête de se baisser légèrement, bien qu'il y mette toute sa bonne volonté. "

Et mes chers amis, sachez que c'est ici, autour de cette table usée, que la Deus ex Machina est née.



[Ceci n'est qu'un début de récit : s'il vous plait, je me ferrais un plaisir de le continuer. =)]

Excellent!
Au passage, tes droits sont validés.

Quelle magnifique narration !!! J'attend la suite avec impatiente pour boire tes paroles ....
Bon retour "Oh créateur de notre force !"

Bien le bonjour jeune Toryn !

C'est avec un immense plaisir que je t'ai écouté réciter l'authentique récit de la création de notre bonne vieille DeM !
Ta plume est exquise, mais en cela rien ne m'étonne, car tu es le digne héritier des Velvetorsilk !
Ne dit on pas d'ailleurs : "Tel Père, Tel Fils"

Merveilleux!! Bienvenu à toi digne successeur de ton géniteur!

Et là je regrette de pas avoir été là pour être cité sous la plume du maître ;)
Ca m'a redonné envie d'écrire, tiens. Je vous enverrai mes arts de quand j'étais en seconde, sur un forum d'auteurs, et mes nouvelles :D

Bon retour parmi nous jeune Toryn !

Quel plaisir de te lire !

En cette froide soirée d'hiver, il est heureux de pouvoir ouïr pareille aventure qui réchauffe les coeurs et réjouit l'âme.

La suite messire, la suite !

Je veux la suite ! J'en peux plus d'attendre

Très bon récit, les phrases sont bien tournées et la narration fluide et continue, je suis content d'avoir accès à ce récit. Vivement la suite.

Salut tout le monde!! je suis Salgik le tout dernier arriver dans la wing j'ai commencer le jeu avant hier ....


wouaw trop fort le texte!

J'ai trop envie de lire la suite.

Bienvenue, Salgik ;)
Présentes-toi donc dans la partie adéquate :)

Interessant Messire, trèèèèèès interessant.

Mais, où sont les chopines???,

Voici la suite que vous devriez ouïr,

Transi par le froid, certe, réchauffé par le bois, non pas le hêtre, mais le chêne, notre mécène, s'engaillardi d'enfin d'appercevoir ce pendentif qui luit.

Haut de forme, richesse apparente, que vient donc faire là cet homme dont visiblement rien ne tourmente.

"Veuillez saluer le Duc Gaud de la Rochelle, celui qui osa affronter la guilde au multiples péchès" annonca un badeau, une pièce d'or à la main.


Une bourse lancée avec applomb s'écrase sur la table, voici une faible contrepartie pensèrent les mines encore blème de la soirée d'hier, mais qu'en sortit?

"Rubis, Joyaux, Or et Argent , que le Poitou prospère sous mon commandement, telle est ma décision."

"Festoyez!, ripaillez! et surtout n'oubliez pas mon nom."

L'étranger tourna les talons, la porte se ferma dans un grincement que le froid silence de l'incompréhension pouvait seul contredire.

La prose est misérable, très chers ;
Les vers sont seuls traducteurs de la pensée parnassienne.

Dès lors que la bourse atterrit sur la table
On ouït une rumeur avide d'argent, peu sage
Dans les confins du lieu où l'argent est passable
D'être bien peu prêté, emporté sans partage.

Le sieur Mwak, aujourd'hui rendu à cet enfer
Qu'est le lieu de Hadès, du Styx, des anciens morts
Sortit dès lors de l'ombre, dégainant vite son fer
Jetant un regard froid à la bourse plein d'or

Qui donc es-tu pour posséder tant de richesses
Interrogea l'aubergiste, sceptique, avide
Pensant qu'un arnaqueur, d'exercer, n'avait cesse

Le sieur Honeth, que les ennemis appréhendent
Signala à feu Mwak : Qu'importe, il est bien riche !
C'est ainsi que ce duc entra dans la légende.

N'est-il pas infantile d'ainsi dénigrer
Une prose si subtile au ton si léger
Et dans cette section venir nous ennuyer
Par l'usage très légèrement erroné

D'un si vilain sonnet...